Episode 1 – Le Valais
Emeline Zufferey
Temps de lecture : 7 minutes
Si je vous parle de la Suisse, vous allez croire que je veux vous vous entretenir de ses banques, de son délicieux chocolat ou de notre star mondiale du tennis Roger Federer ! Eh bien non, une fois n’est pas coutume, c’est sur les vignobles et les vins suisses que je veux aujourd’hui braquer les projecteurs !
La Suisse des vignes est une goutte d’eau dans l’océan viticole mondial. Moins de 15’000 ha cultivés, soit 0.2% de la surface mondiale ! Ajoutez à cela des exportations quasi inexistantes et vous comprendrez que, pour découvrir ses trésors viniques, il faudra venir les déguster sur place ! Et c’est tant mieux car les paysages viticoles helvétiques valent vraiment le détour !
On a coutume de diviser le vignoble suisse en 6 régions distinctes qui chacune ont des caractéristiques propres. C’est par la plus vaste des 6 régions que je vais dédier ce premier post : le Valais.
Le Valais Viticole : Un climat unique où vignes et oliviers tutoient les glaciers !
Le Valais est un canton de montagne. Située au cœur des Alpes, la vaste vallée du Rhône s’étire sur 180 km de long depuis glacier, la source du fleuve, jusqu’au lac Léman. Elle est bordée d’une vingtaine de vallées latérales très escarpées et de 45 sommets culminant à plus de 4000 mètres d’altitude. Cette topographie très particulière couplée à l’orientation Est-Ouest de la vallée centrale où se concentrent l’essentiel des vignobles, lui confèrent des caractéristiques climatiques continentales très marquées. La pluviométrie y est très faible (600mm annuels en moyenne à Sion) et l’ensoleillement généreux (2200 heures/an). Ajoutez à cela les multiples expositions, la mosaïque de sols façonnés par les glaciers et les éboulements, les altitudes qui vont de 380m environ à plus de 1100m et vous aurez compris que l’on peut cultiver un très grand nombre de cépages en Valais ! La vigne côtoie ici aussi les abricotiers, les pêchers et il est fréquent sur les coteaux les mieux exposés de trouver des amandiers, des oliviers et même des figuiers de barbarie en plein vignoble ! Le climat sec se prête aussi très bien à la réalisation de vins liquoreux issus de vendanges tardives.
Une viticulture manuelle et souvent familiale
La majorité du vignoble est planté dans la vallée centrale entre Visp et Martigny, sur les deux rives du Rhône avec des pentes qui peuvent atteindre des déclivités très importantes. Ici peu ou pas de mécanisation, les vignes sont pour la plupart cultivées en terrasses soutenues par des murs de pierres sèches caractéristiques, certains pouvant atteindre jusqu’à 20m de haut ! Le travail est le plus souvent réalisé à la main au prix de nombreuses heures de main-d’œuvre. Parfois de petits trains montés sur des monorails, ou l’hélicoptère, de plus en plus remplacé désormais par les drones, viennent soulager les vignerons pour les traitements phytosanitaires et le transport de matériel sur les parcelles. Car en plus d’être escarpé, le vignoble valaisan est aussi hyper morcelé. Chaque famille ou presque possède un lopin de vigne qu’elle cultive avec amour ou loue à un vigneron professionnel. On ne compte pas moins de 22’000 propriétaires pour « seulement » 5’000 ha cultivés !
Des cépages exclusifs
Si les principaux cépages cultivés en Valais sont le Pinot noir et le Chasselas, ici appelé Fendant, on dénombre un grand nombre de variétés soit indigènes (originaires du lieu), soit traditionnelles (originaires d’autres régions mais cultivées ici de longue date).
A découvrir dans les blancs :
-La Petite Arvine , reine des coteaux bien exposés qui donne des vins aux notes d’agrumes, de glycine et de rhubarbe avec une vinosité très élégante bien équilibrée par une franche vivacité et une finale saline caractéristique. Un vin emblématique à posséder absolument dans sa cave !
-Le Païen ou Heida : c’est en fait du Savagnin blanc du Jura qui se démarque ici par sa grande complexité aromatique tantôt sur les fruits blancs, les fruits exotiques ou les fruits secs. Il est doté d’une classe folle. Un vin de gastronomie par excellence !
-L’Ermitage ou Marsanne blanche qui en sec donne des vins aux notes de sous-bois et de petits fruits rouges qu’il faut attendre quelques années. En vendanges tardives, il donne des liquoreux de classe internationale.
-Le Chasselas ou Fendant : c’est le vin d’apéritif par excellence et le compagnon traditionnel de la raclette et autres mets aux fromages. Tantôt floral ou minéral, parfois fruité et vineux, on dit du Chasselas qu’il est une loupe des terroirs et qu’il prend le goût de la terre sur laquelle il a poussé.
A découvrir dans les rouges :
-Le Cornalin : Autrefois appelé rouge du pays, ce vieux cépage valaisan issu d’un croisement naturel de deux cépages valdôtains (petit Rouge X Mayolet) a failli être abandonné car très exigeant climatiquement et difficile à cultiver. Aujourd’hui on lui réserve les meilleures expositions. Il donne des vins intenses aux notes marquées de griottes, de fruits noirs et d’épices. Au palais c’est un vin vineux toujours doté d’une belle fraîcheur.
-La Syrah : fille du Rhône, la Syrah a trouvé en Valais une terre de prédilection. Elle y donne des crus denses et complexes aux notes de fruits noirs, d’épices, de café et de chocolat. En bouche, concentration et velouté sont de mise. Les Syrahs valaisannes se gardent très bien et rivalisent à l’aveugle avec les plus grands vins du monde !
-L’Humagne rouge : Cépage originaire de la Vallée d’Aoste voisine, il a transité par le Col du Grand-St- Bernard avant d’être implanté en Valais. De maturité tardive, l’Humagne rouge donne des vins souples aux notes de violette et de fruits des bois dotés de tanins ronds.
Chaque année, le Grand Prix du Vin Suisse organisé par l’association VINEA récompense les meilleurs crus du pays sélectionnés parmi les 2800 à 3000 vins inscrits. Grand Prix du Vin Suisse – Association VINEA
Emeline Zufferey, directrice technique VINEA
Emeline.zufferey@vinea.ch
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