Une expérience de psychothérapie

De nos jours, les gens consultent davantage un psychologue qu’il y a 30 ans, lorsque

J’ai débuté ma pratique. Toutefois, demander de l’aide pour ses difficultés personnelles, fait peur à beaucoup de monde encore. 

Le présent texte vous résume sommairement ce qui se passe en psychothérapie (au Québec).

Tout d’abord, la personne qui consulte, se situera, pour le psychologue clinicien d’orientation humaniste-systémique (comme moi), sur une échelle de collaboration. En gros, il y a 3 types de motivation à consulter : 

#1 : Le visiteur. Lui, ou elle, consulte parce que quelqu’un le pousse à le faire. C’est la dame par exemple qui force son mari à voir un psy parce qu’il ne communique pas ses sentiments, ou encore un parent qui amène son adolescent opposant, ou bien un juge qui recommande à un criminel de consulter pour ne pas retourner en prison. Voilà, avec notre visiteur, rien ne sert de faire une bonne alliance thérapeutique pour lui donner par la suite des outils pour mieux s’adapter à la vie : affirmation de soi, communication, résolution de conflits, rituels, liens aux règles familiales implicites, restructuration cognitive, prescriptions paradoxales. Non, rien de tout cela, puisque la motivation du visiteur ne vient pas de lui. Il vaut mieux l’encourager à se respecter face à ses proches qui forcent pour lui, et à ne pas consulter (pour le criminel, on lui dira que nous ne ferons que confirmer, au juge, sa présence aux rendez-vous). Leçon 1 : Le psychothérapeute ne forcera pas plus que la personne qui consulte. Souvent, le Visiteur va « se mettre à table » et va commencer à parler de lui-même sur ses difficultés comme être humain (il aura été déstabilisé par la prescription paradoxale du clinicien : De ne pas consulter.

#2 : Le Plaignard. Ce deuxième type de client, veut consulter, mais il a peur. Il aimerait de l’aide, mais à partir de sa compréhension à lui. Il a peur, il est anxieux, fait peu confiance, tente de diriger la rencontre et dit quoi faire au psychothérapeute. Il argument et cherche d’autres explications et raisons, que ce que vous lui apporté. Il veut, mais il ne veut pas tant. Il aimerait une solution facile et non exigeante. Il souffre moralement, mais il n’est pas en crise. Donc, en présence d’un plaignard, on va faire une bonne alliance thérapeutique qui consiste à se centrer de façon empathique sur lui et tout ce qu’il rapporte, puis on reformule et résume ses propos tout en reflétant ses émotions (pour qu’il se sente compris), puis on va énumérer les mêmes outils cités au paragraphe précédent, et à la fin de l’entrevue on va lui prescrire une tâche, mais pas n’importe quelle tâche. En effet, on ne lui demandera pas de dire « Non » à ses proches ou encore d’exprimer ses émotions négatives, ou de pratiquer des techniques de relaxation. Non, on va juste lui prescrire une tâche qu’il ne pourra pas ne pas réaliser (On le met devant une double-contrainte positive où il ne pourra échouer et surtout, il ne pourra briser notre alliance thérapeutique). La prescription : « Pour le moment, ne changez rien et faites juste réfléchir à ce qu’on s’est dit ici! et aussi faites juste vous observer ». Conséquence, lorsqu’il revient au deuxième rendez-vous, les questions du psy porteront sur ce qu’a vu et pensé le patient (et comme il ne peut pas ne pas penser et ne pas s’observer, alors tout ce qu’il rapportera servira à le renforcir. Il aura probablement pris des risques à partir des pistes de travail, et là le thérapeute va le renforcir davantage, et peut-être pourra-t-il lui prescrire des tâches comme avec l’Acheteur, qui est notre troisième type de personne à consulter.

#3 : L’Acheteur. Cette personne consulte parce qu’elle souffre moralement, elle est en crise existentielle, elle n’est pas bien avec elle-même et avec les autres, elle ne se reconnait plus, alors elle veut changer et est prêt à tout essayer. C’est donc, un(e) acheteur et on va faire notre alliance thérapeutique et on va mettre plein de pistes de travail, puis on va lui prescrire une ou des tâches car on sait qu’il va passer à l’action. Aussi, le changement va venir très rapidement et il sera facile de le renforcer. Il lui sera demandé de s’autoévaluer sur une échelle de changement et d’amélioration de 0 à 10, et dans la pratique cela se passe habituellement après quelques rencontres (5 à 10) pour que le client lui-même se situe à 7 ou 8 sur 10, ce qui est alors un indicateur pour le psychologue à préparer la fin de la psychothérapie en résumant, en ratifiant le changement, en consolidant les acquis et finalement en faisant de la prévention de la rechute.

Le travail du psychothérapeute c’est de comprendre le système client, où il est rendu dans sa démarche de changement et de favoriser, qu’il passe d’un niveau de motivation à un autre par des stratégies systémiques de changement : recadrages, prescriptions paradoxales, judo psychologique, métaphores, tâches directes et renforcements. Ainsi, le Visiteur peut devenir un Plaignard, et le Plaignard lui-même un Acheteur qui aura été actif à s’en sortir et à changer, et cela dans la vraie vie de son quotidien. N’oublions pas, c’est le client qui fait le changement dans sa vie, en couple, en famille, au travail et avec le réseau.

En psychologie comme en vitiviniculture, nous sommes entre science et art. Et l’humain est au cœur du processus.

Carol Chabot, Psychologue et Amoureux du vin.

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