**Translation is at the bottom**
Contrairement à ce qu’on peut penser, les femmes ont toujours été présentes dans le monde du vin. Au début c’était souvent des veuves qui prenaient la suite de leur époux à la tête d’un domaine : la très célèbre Veuve Clicquot vient tout de suite à l’esprit, mais en Gironde dès la fin du XVIIIème siècle, Françoise-Joséphine de Lur-Saluces œuvra pour la renommée du Château d’Yquem.
Elles ont mis davantage de temps à prendre pied dans cette croisée des chemins qu’est le métier d’œnologue, entre science pure et problèmes concrets du terrain. Il arrivait dans les années 70 que certaines femmes renoncent au Diplôme d’œnologue parce que “ça ne se faisait pas pour une femme”. Ce n’est pas tout à fait exact, mais il est vrai qu’elles sont peu nombreuses de cette génération à être sur le terrain, et ont plus souvent fait le choix (était-ce un choix ?) du laboratoire.
Depuis, les choses ont changé, et les années 1990-2000 ont produit 40% de femmes œnologues environ à chaque promotion. Vers la fin des années 2000, elles ont même dépassé la moitié des diplômés. Et nous les retrouvons maintenant sur le terrain, et pas seulement dans le cas où elles sont les héritières de propriétés. Le diplôme d’œnologue est une base qui permet d’accéder à toutes sortes de professions. Nous retrouvons des œnologues chez les vinificateurs, chez les consultants, chez les chercheurs et technico-commerciaux des laboratoires fournisseurs de produits œnologiques, chez les courtiers, chez les acheteurs des négoces etc. Les femmes y réussissent autant que leurs homologues masculins, et font preuve d’une égale passion et d’une égale compétence pour leur profession.
La région de Bordeaux est une mosaïque d’appellations, faite de grands terroirs à vins blancs et à vins rouges. Chaque AOC a son style caractéristique, à la fois ancré dans ses origines et en perpétuel changement. L’histoire et l’évolution de ces appellations sont une richesse et un défi pour toute la profession, puisqu’il nous faut trouver l’équilibre entre la continuité d’un style historique et l’innovation liée aux avancées technologiques et bien entendu au goût des consommateurs. L’arrivée des femmes dans la profession a été un facteur important de mutation, puisqu’elles ont dû se faire une place à la fois en force et en douceur, se faufilant entre leurs collègues masculins sans les effaroucher, mais sans rien céder de leurs convictions. Désormais nous sommes présentes et incontournables à tous les niveaux et la collaboration est harmonieuse, ce qui me paraît essentiel, car on ne fait pas un vin élégant dans la contrariété.
Pour finir sur une petite note personnelle : j’ai une majorité de clients hommes, mais je travaille aussi avec des femmes propriétaires ou maîtres de chai. Je n’ai jamais eu plus de difficultés dans un cas que dans l’autre, à part un de mes tous premiers clients en 2007, qui m’a interdit jusqu’à la fin l’accès de son chai de peur que je ne fasse “tourner le vin”, comme le voulait la légende !
Mais la légende est tenace et souvent sournoise ! Notamment en ce qui concerne les vins dits “féminins” : les vins légers et souples seraient de nature à séduire la gent féminine… je peux vous assurer que c’est faux !
THE LEGENDE!
Contrary to what one might think, women have always been present in the world of wine. In the beginning, it was often widows who took over from their husbands at the head of an estate: the very famous Veuve Clicquot immediately comes to mind, but in Gironde from the end of the 18th century, Françoise-Joséphine de Lur-Saluces worked for the fame of Château d’Yquem.
They took longer to get a foothold in this crossroads that is the profession of oenologist, between pure science and concrete problems in the field. It happened in the 70s that some women gave up the Oenologist Diploma because “it was not done for a woman”. This isn’t entirely accurate, but it is true that few of this generation are in the field, and have more often made the choice (was it a choice?) of the lab.
Since then, things have changed, and the years 1990-2000 produced approximately 40% of women oenologists at each promotion. Towards the end of the 2000s, they even exceeded half of the graduates. And we find them now on the ground, and not only in the case where they are the heiress of properties. The oenologist diploma is a basis that allows access to all kinds of professions. We find oenologists among winemakers, consultants, researchers and technical sales representatives of laboratories that supply oenological products, brokers, buyers from businesses, etc. Women are as successful at it as their male counterparts and show equal passion and skill for their profession.
The Bordeaux region is a mosaic of appellations, made up of great terroirs with white and red wines. Each AOC has its own characteristic style, both rooted in its origins and constantly changing. The history and evolution of these appellations are a richness and a challenge for the whole profession since we have to find the balance between the continuity of a historical style and the innovation linked to technological advances and of course to the consumer taste. The arrival of women in the profession has been an important factor of change, since they have had to make a place for themselves both forcefully and gently, weaving their way between their male colleagues without startling them, but without giving up any of their convictions. From now on we are present and essential at all levels and the collaboration is harmonious, which seems essential to me because you don’t make an elegant wine out of annoyance.
To end on a personal note: I have a majority of male clients, but I also work with female owners or cellar masters. I have never had more difficulty in one case than in the other, apart from one of my very first customers in 2007, who forbade me access to his cellar until the end for fear that I “swirl the wine”, as the legend had it!
But the legend is tenacious and often sneaky! Especially with regard to so-called “feminine” wines: light and supple wines would be likely to seduce the fairer sex… I can assure you that this is not true!